Les aliments ultra-transformés, kézako ? 

Ce sont des produits qui subissent de nombreuses étapes de transformation. Ils contiennent généralement plus de 5 ingrédients, dont des composants tels que des additifs et des ingrédients dénaturés, industriels, qu’on ne trouve pas dans une cuisine ordinaire. Pour résumer, ce sont des produits qui s’éloignent beaucoup de leur forme naturelle.

Ces transformations ont pour but de prolonger la durée de vie des aliments, de créer des produits prêts à manger ou à boire, palatables et pas ou peu coûteux. Ces aliments sont favorisés par 3 facteurs, qu’on peut appeler “les trois A” (Asikainen et al., 2022) : leur Accessibilité, leur Abordabilité ainsi que leur Attractivité. Cependant, les aliments ultra-transformés tendent à remplacer des aliments plus nutritifs dans nos assiettes, ce qui nuit à la qualité globale de l’alimentation. 

Selon la British Heart Foundation (2023), ces aliments ont une teneur élevée en sel, en sucre et en graisses (surtout des acides gras saturés), mais faible en fibres et vitamines. Sachant que notre consommation de fibres est d’un tiers inférieur aux recommandations (Schönenberger et al., 2024), il semble donc judicieux de revenir à du fait maison !

Pour mieux saisir la différence de qualité nutritionnelle entre un plat fait maison et un produit ultra-transformé, prenons l’exemple des pâtes bolognaises. Quand vous préparez des pâtes bolognaises à la maison, vous utilisez des ingrédients frais et simples : des pâtes, sources d’énergie grâce aux glucides complexes qu’elles contiennent, de la viande maigre pour les protéines, et des tomates et légumes frais pour leurs vitamines, minéraux et fibres. Vous maîtrisez aussi l’assaisonnement, ce qui permet d’éviter les excès. À l’inverse, un plat préparé de pâtes acheté au supermarché (comme ceux à réchauffer au micro-ondes) est souvent bien plus riche en graisses saturées, en sel et en sucres cachés. Il contient également divers additifs (colorants, arômes artificiels, etc.). De plus, les processus industriels réduisent la teneur en fibres et en vitamines,  pourtant indispensables à notre santé. 

 

La classification NOVA 

La classification NOVA est un outil simple mais précieux pour apprendre à repérer les produits à privilégier… ou à éviter. Voici les 4 catégories de cette classification: 

  1. Aliments non transformés 
  2. Ingrédients culinaires transformés 
  3. Aliments transformés
  4. Produits alimentaires et boissons ultra-transformés 

Des effets néfastes sur la santé

Selon une synthèse de 45 méta-analyses (Lane et al., 2024), une consommation élevée d’aliments ultra-transformés augmente le risque de mortalité toutes causes confondues, notamment par maladies cardiovasculaires, troubles mentaux, surpoids, obésité et diabète de type II. Plus de 32 problèmes de santé y sont liés. De plus, Bhave et al. (2025) montrent qu’une hausse de 10 % de l’apport en AUT se traduit par une augmentation significative du risque de déclin cognitif et d’accident vasculaire cérébral. La consommation d’aliments peu transformés est, à l’inverse, liée à un moindre déclin cognitif. 

La British Heart Foundation (actualisé en 2025) pointe quant à elle une incertitude, qui est que nous ne savons pas encore si les risques proviennent de la combinaison de tous les ingrédients des AUT ou de certains composants isolés. 

Du côté de la prise de poids, une étude de Hall et al. (2019) confirme que les régimes riches en AUT conduisent à une surconsommation d’environ 500 kcal par jour, même quand la quantité de graisses, sucres et sel est équivalente à celle d’un régime non transformé. À cela s’ajoutent, une hypertension artérielle liée à la forte teneur en sodium et en additifs, un lien établi avec un risque plus élevé de cancers du sein et colorectal ainsi qu’une surmortalité prématurée chez les gros consommateurs. 

Toutes ces informations convergent vers un même message : réduire la part des aliments ultra-transformés dans notre quotidien et privilégier les produits frais et peu transformés est essentiel pour limiter la prise de poids, l’hypertension, les cancers, les troubles cognitifs et la mortalité prématurée. Des recommandations de vigilance s’imposent donc, tant pour préserver la santé physique que psychique, en privilégiant des aliments peu ou pas transformés dans l’alimentation quotidienne ! 

Selon l’OMS (Foodwatch France, 2024), l’industrie agro-alimentaire est responsable de plus de 400’000 décès par an, dû à un risque accru de surpoids ou obésité, de développer des maladies non-transmissibles telles que l’hypertension artérielle, l’hyperglycémie ou encore l’hypercholestérolémie. Cependant, ne se sentant pas responsables, les industries mettent la faute sur les individus. Ils affirment que c’est de la responsabilité de chacun des consommateurs de bien choisir ces aliments, de lire les étiquettes, et d’exercer une activité physique. 

Etat des lieux en Suisse

Selon les recommandations des institutions de santé, notre consommation d’aliments ultra-transformés ne devrait pas dépasser 15 % d’apports nutritionnels par personne et par jour. Malheureusement, la consommation suisse est d’environ 23%, ce qui dépasse largement les recommandations. 

La première enquête nationale sur l’alimentation menée en Suisse (Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, 2024) révèle que près d’une personne sur deux prend son déjeuner à l’extérieur. Si, en semaine, 63 % des Suisses préparent eux-mêmes un repas chaud au cours de la semaine, ce taux grimpe à 73 % le week-end. Pourtant, un tiers des répondants (35 %) affirment ne jamais cuisiner de plat chaud à la maison, une habitude particulièrement marquée chez les 18-34 ans, dont 15 % ne préparent jamais de dîner chaud. Une autre enquête (Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, 2022) souligne aussi un déséquilibre dans les plaisirs sucrés : les hommes consomment plus de confiseries et de snacks salés que les femmes. De plus, la consommation moyenne de ces produits ultra-transformés (AUT) est quatre fois supérieure aux recommandations nutritionnelles, ce qui traduit un enjeu de santé publique majeur.

Selon l’UNIL (2022), la littératie en santé est un facteur clé : un faible niveau de connaissances sur les conséquences d’une mauvaise alimentation sur la santé contribue à de mauvaises pratiques alimentaires et au non-respect des recommandations, au même titre qu’un environnement peu propice ou un rythme de vie accéléré. De plus, les plus gros consommateurs d’AUT sont les hommes, les plus jeunes, les personnes à faible niveau d’études et à revenu modeste (Bertoni Maluf, 2021).

Enquête sur les habitudes alimentaires

Nous avons commencé l’année 2025 par la création et la diffusion d’une enquête à propos des habitudes de consommation et d’achats alimentaires. L’objectif était de mieux connaître les habitudes de la population, afin d’orienter la mise en œuvre de notre campagne. Nous avons recueilli les réponses de 136 personnes

Cette enquête révèle que, même si de nombreuses personnes cuisinent régulièrement, sont attentifs à la provenance des produits, et pensent limiter leur consommation d’aliments ultra-transformés, ces derniers restent largement présents dans leurs habitudes, souvent de façon inconsciente. Les résultats montrent également que 83 % des répondants cuisinent au moins un repas fait-maison par jour (42,6 % en cuisinent 1 à 2, et 40,4 % en cuisinent 2 à 3), tandis que selon l’enquête nationale suisse (Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, 2024), 63 % des personnes préparent un repas chaud à la maison en semaine. De plus, les résultats ont montré que la majorité des participants avaient tendance à acheter tout le temps les mêmes produits lors des courses alimentaires, ce qui met en évidence une certaine routine dans les choix alimentaires. La tendance des participants à toujours acheter les mêmes produits peut être problématique, car cette routine limite la richesse de leur alimentation, souvent parce qu’ils manquent d’inspiration ou de connaissances pour cuisiner d’autres aliments. 

Bilan de l’enquête

Campagne digitale : “Revenir à l’essentiel dans nos assiettes”

Suite à cette enquête, nous avons lancé une campagne de sensibilisation sur les aliments ultra-transformés sur nos réseaux sociaux entre le 17 février et le 7 mars 2025 : “Revenir à l’essentiel dans nos assiettes”. Destinée à notre communauté digitale, composée majoritairement de femmes âgées de 35 à 45 ans, cette campagne s’inscrit pleinement dans la mission de la Swiss Food Academy : améliorer la qualité de vie des enfants grâce à une alimentation équilibrée et durable, tout en sensibilisant les parents et les éducateurs à l’importance de la nutrition.

En encourageant des choix alimentaires plus sains et plus conscients, la campagne vise à faire évoluer les habitudes de chacun, à promouvoir le fait-maison, à informer à l’aide de contenus vulgarisés, à sensibiliser aux risques liés aux aliments ultra-transformés, et à fournir des astuces pour mieux les identifier et les éviter. Pour animer la campagne, des sondages et des quiz ont été proposés. Nous avons relevé qu’un peu moins de la moitié des participants aux quiz avaient des difficultés à distinguer les aliments bruts, transformés et ultra-transformés. Par ailleurs, nos participants ont indiqué que ce qui pourrait les encourager à changer leurs habitudes alimentaires et à cuisiner davantage maison, ce serait d’apprendre à préparer des aliments peu familiers, afin de diversifier leur alimentation, ainsi que d’avoir plus d’idées de recettes.

Voici ci-dessous certains visuels partagés pendant la campagne.

Jeu pédagogique du Salon du Livre

Dans la continuité de la campagne digitale, nous avons mis en place, lors de notre présence au Salon du livre du 19 au 23 mars 2025, un jeu pédagogique destiné aux enfants comme aux adultes, afin de sensibiliser aux aliments ultra-transformés. Le but était de décrypter les étiquettes des barres de céréales, des collations consommées régulièrement par un bon nombre de personnes, et certaines étant souvent perçues comme “plutôt saines” (p.ex. les barres de la marque Farmer). 

L’activité commençait par un classement des quatre barres proposées sur un tableau magnétique, par ordre d’attirance (“celle qu’on aurait choisi”). Ensuite, en leur donnant les outils et informations nécessaires, on demandait aux joueurs d’identifier si les barres de céréales étaient plutôt des aliments bruts, transformés ou ultra-transformés. Finalement, nous décryptions ensemble les étiquettes des barres préférées en comparaison avec la barre la plus saine. Les joueurs avaient ensuite l’occasion d’effectuer un nouveau classement, en prenant en compte les informations reçues. À la fin du jeu, nous proposions aux participants une recette d’Energy Balls et des conseils de décryptage des étiquettes, que vous pouvez retrouver ci-dessous.

Conclusion 

Les aliments ultra-transformés sont omniprésents dans notre quotidien. Leur prix bas, leur goût agréable et leur praticité expliquent leur succès, mais ils présentent aussi de vrais risques pour notre santé physique et mentale. Les réduire, c’est déjà prendre soin de soi et mieux maîtriser ce qu’on met dans son assiette. Cuisiner un peu plus, lire les étiquettes, privilégier des produits bruts : ce sont des petits gestes simples qui peuvent faire une vraie différence. 

Notre objectif était d’aider chacun à mieux repérer ce qu’il mange au quotidien, afin qu’il puisse ensuite faire de bons choix pour sa santé, et revenir, petit à petit, à l’essentiel dans nos assiettes. 

Pour conclure, notre démarche s’est déroulée en plusieurs étapes : une première enquête nous a permis de mieux comprendre les habitudes alimentaires et les freins au fait maison. Ensuite, nous avons lancé une campagne digitale adaptée aux besoins repérés dans l’enquête, touchant principalement un public adulte. Enfin, notre présence au Salon du livre nous a permis d’élargir notre action également auprès des enfants, grâce au jeu pédagogique. Cette approche nous a permis de sensibiliser différents publics, tout en restant fidèles à notre mission.

Rédigé par Mélanie Sobral Alhais, Stagiaire en Master de Psychologie de la santé chez Swiss Food Academy

Références

Asikainen, S., Bachmann, D., Mingard, C., Nefzi, S., & Ochoa Williams, A. (2022). Les mesures de prévention pour limiter la consommation de produits ultra-transformés chez les adolescents [Poster de recherche, Université de Lausanne – Faculté de biologie et de médecine]. Université de Lausanne.

Bertoni Maluf, V. (2021). Analyse des facteurs liés à la consommation d’aliments ultra‑transformés [Mémoire de master, HES‑SO]. HES‑SO. https://www.hes-so.ch/fileadmin/documents/HES-SO/Documents_HES-SO/pdf/sante/master/Sante_MScSa/2021_MScSa_TM_Bertoni_Valeria_DIFOK.pdf

Bhave, V. M., Oladele, C. R., Ament, Z., Kijpaisalratana, N., Jones, A. C., Couch, C. A., Patki, A., Garcia Guarniz, A.-L., Bennett, A., Crowe, M., Irvin, M. R., & Kimberly, W. T. (2024). Associations between ultra-processed food consumption and adverse brain health outcomes. Neurology, 102(11), e209432. https://doi.org/10.1212/WNL.0000000000209432 

British Heart Foundation. (2025). Ultra-processed foods: How bad are they for your health? Heart Matters Magazine. https://www.bhf.org.uk/informationsupport/heart-matters-magazine/news/behind-the-headlines/ultra-processed-foods

Foodwatch France. (2024, 1 juillet). L’industrie agroalimentaire responsable de 400 000 décès par an ? Le rapport choc de l’OMS. https://www.foodwatch.org/fr/actualites/2024/l-industrie-agroalimentaire-responsable-de-400-000-deces-par-an-le-rapport-choc-de-loms

Hall, K. D., Ayuketah, A., Brychta, R., Cai, H., Cassimatis, T., Chen, K. Y., … & Zhou, M. (2019). Ultra-processed diets cause excess calorie intake and weight gain: an inpatient randomized controlled trial of ad libitum food intake. Cell metabolism, 30(1), 67-77. https://doi.org/10.1016/j.cmet.2020.08.014 

Lane, M. M., Gamage, E., Du, S., Ashtree, D. N., McGuinness, A. J., Gauci, S., Baker, P., Lawrence, M., Rebholz, C. M., Srour, B., Touvier, M., Jacka, F. N., O’Neil, A., Segasby, T., & Marx, W. (2024). Ultra-processed food exposure and adverse health outcomes: Umbrella review of epidemiological meta-analyses. BMJ, 384, e077310. https://doi.org/10.1136/bmj-2023-077310 

Lopes Cortes, M., Andrade Louzado, J., Galvão Oliveira, M., Moraes Bezerra, V., Mistro, S., Souto Medeiros, D., Arruda Soares, D., Oliveira Silva, K., Nicolaevna Kochergin, C., Honorato dos Santos de Carvalho, V. C., Wildes Amorim, W., & Serrate Mengue, S. (2021). Unhealthy Food and Psychological Stress: The Association between Ultra-Processed Food Consumption and Perceived Stress in Working-Class Young Adults. International Journal of Environmental Research and Public Health, 18(8), 3863. https://doi.org/10.3390/ijerph18083863 

Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires. (2022). Comportements en matière de cuisine, d’alimentation et d’activité physique. Dans menuCH – Enquête nationale sur l’alimentation en Suisse. https://www.blv.admin.ch/blv/fr/home/lebensmittel-und-ernaehrung/ernaehrung/menuCH/menuch-koch-ess-bewegungsverhalten.html

Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires. (2024, 19 septembre). Consommation alimentaire en Suisse. Dans menuCH – Enquête nationale sur l’alimentation en Suisse. https://www.blv.admin.ch/blv/fr/home/lebensmittel-und-ernaehrung/ernaehrung/menuCH/menuch-lebensmittelkonsum-schweiz.html

Open Food Facts. (n.d.). Classification NOVA pour la transformation des aliments. Consulté le 10 juin 2025, à l’adresse https://fr.openfoodfacts.org/nova 

Schönenberger, K. A., Huwiler, V. V., Reber, E., Mühlebach, S., Stanga, Z., Pestoni, G., & Faeh, D. (2024). Dietary fibre intake and its association with ultraprocessed food consumption in the general population of Switzerland: analysis of a population-based, cross-sectional national nutrition survey. BMJ Nutrition, Prevention & Health7(1), 26. https://doi.org/10.1136/bmjnph-2023-000727  

 

 

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