En bref...

Dans cet article, je vous accompagne au sein du monde scientifique et de la recherche lié au stress et comment il peut impacter et influencer notre comportement vers l’obésité. Les articles choisis font référence à une littérature vaste ainsi qu’à des travaux portant sur des modèles cognitifs.

Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où notre consommation alimentaire devient de plus en plus rapide et notre satisfaction s’avère de moins en moins juteuse. Lorsque ces dernières sont couplées avec des stresseurs et/ou des environnements psychosociaux néfastes (ex. un trop grand stress professionnel pouvant conduire au burnout, un environnement familiale difficile) ils peuvent avoir de nombreuses conséquences notamment au niveau de la santé comme le soulignent de nombreuses études au sein des sciences cognitives (science de la pensée humaine) et affectives.

Qu'est-ce que l'on entend par "obésité" ?

Selon l’OMS (organisation mondiale de la santé), le surpoids et l’obésité se traduisent par « une accumulation anormale ou excessive de graisse qui présente un risque pour la santé ».

En Suisse, la part de la population en surpoids ou obèse a augmenté de manière importante depuis ces 25 dernières années, passant de 30,4 % en 1992 à 41.9 % en 2017. Ce phénomène s’observe surtout chez les hommes où nous avons un homme sur deux (51 %) atteint d’obésité ou surpoids contre une femme sur trois (33 %). L’augmentation de ce phénomène croît dès 25 ans pour les deux types de populations, bien que l’accroissement chez les hommes soit plus élevé. Par ailleurs, l’obésité et les maladies métaboliques (ex. diabète, l’hypertension artérielle) associées montrent une comorbidité importante avec des troubles psychologiques liés au stress comme l’anxiété et la dépression.

 

Le stress kesako ?

Il se définit comme étant une condition environnementale (un déménagement, une rupture amoureuse, nouveau lieu de travail ou d’école) dont les sollicitations excèdent ou menacent d’excéder les capacités adaptatives d’un organisme. Plus précisément, le stress survient lorsque l’individu perçoit un déséquilibre entre la perception qu’il a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’il a de ses propres ressources pour y faire face. De ce fait, une demande environnementale qui était non stressante, au début, peut le devenir lorsqu’il y a un changement de la zone de régulation (habitats et niches écologiques spécifiques où l’individu évolue par ex. lieu de travail, lieu du domicile) de l’organisme. Ou bien, lorsque la capacité d’adaptation de l’individu s’amoindrie, la condition environnementale peu stressante peut le devenir. Cependant, il est possible d’intervenir sur la situation stressante en utilisant les influences cognitives, émotionnelles et comportementale :

  • D’un point de vue cognitif  on peut intervenir sur la perception de contrôle : Si l’on veut minimiser sa consommation de sucre par exemple, d’abord commencer pas à pas en remplaçant les boissons sucrées par de l’eau afin de ne pas avoir un changement trop élevé (et risquer de stresser l’organisme pouvant l’amener à stopper son but fixé).
  • D’un point de vue émotionnel nous pouvons substituer le comportement : lors de situations stressantes (périodes d’examens, fêtes de fin d’années), en se dirigeant vers des collations comme les fruits et/ou noix à la place d’aliments raffiné et riches en calories. Ou mieux encore, s’orienter vers une activité sportive ou faire une promenade en nature afin d’évacuer le stress.
  • D’un point de vue comportemental on peut  restructurer l’environnement : si à la maison nous avons des sucreries ou des aliments riches en calories, on peut les placer en hauteur afin d’éviter qu’ils attirent notre attention et de les rendre plus difficile d’accès.

En complémentarité, on peut demander l’aide d’un spécialiste / psychothérapeute (possibilités d’interventions psychologiques et comportementales).

Stress et cognition

Concernant les processus cognitifs, il faut savoir que l’autorégulation (processus cérébral permettant de faire face aux facteurs stressants) facilite l’adoption des comportements de prévention contre l’obésité tel que l’activité physique et l’alimentation. Néanmoins, un stress trop élevé ou une capacité d’adaptation diminuée peut saboter les différents processus cognitifs tels que les fonctions exécutives et interférer avec les aires cérébrales responsables de l’autorégulation (l’autocontrôle de soi). De ce fait, un stress chronique (durant depuis plus de 6 mois) peut impacter notre comportement.

Le lien entre le stress et l’obésité se traduit par deux problèmes très répandus dans notre société :

  1. Le stress interfère avec les processus cognitifs tel que les fonctions exécutives (écouter un professeur tout en prenant des notes [mémoire de travail] – passer d’une tâche à une autre comme lorsque l’on prend des décisions  e.g. lors d’embouteillages, on va privilégier un chemin plus court pour se rendre plus rapidement au travail [flexibilité cognitive] – réduire ou empêcher un certain type de comportement ex. réduire sa consommation de sucre [inhibition])
  2. Le stress peut affecter le comportement comme la surconsommation d’aliments riches en calories (riches en graisses et en sucres).

 

Stress et comportement

Les individus ont tendance à manger pour compenser les émotions négatives découlant de leur stress. Par exemple, différents travaux ont montré qu’il existe un schéma (pattern) général selon lequel les individus ont plus souvent tendance à se diriger vers une alimentation malsaine après un événement ou une situation stressante. En somme, le stress est un facteur, impactant notre mode de consommation alimentaire pouvant conduire à l’obésité par le biais d’une alimentation plus abondante et malsaine.

Par ailleurs, il est admis, au sein de la communauté scientifique, que le microbiote (flore intestinale), composé de bactéries, virus, et autres micro-organismes jouent un rôle primordial dans la digestion. En effet, de récentes recherches soulignent l’importance de la communication qu’il existe entre l’estomac et le cerveau se faisant par quatre voies : le système nerveux (notamment le nerf vague), les hormones, la paroi perméable et le système immunitaire. Lorsque ce dernier est soumis à des situations stressantes, il modifie ses réponses centrales notamment en provoquant des neuro-inflammations (inflammation du cerveau et des neurones qui composent le système nerveux). Si elles perdurent, alors l’équilibre de l’organisme n’est plus maintenu et cela peut entraîner davantage de stress, d’anxiété et peut conduire à la dépression.   

En effet, l’article de Sinha et Jastreboff explique pourquoi les individus soumis à des stresseurs sont plus susceptibles d’avoir une tendance à rechercher de la nourriture dite « appétissante », à prendre du poids et, à terme, de développer des comportements addictifs envers la nourriture.

D’autre part, le stress peut perturber notre volition à moins pratiquer une activité physique ou favoriser (augmenter) notre sédentarité.

Comment agir positivement au quotidien?

Afin de prévenir du stress, voici une liste pouvant vous être très bénéfique :

  • La méditation dite « de pleine conscience » est une solution pouvant être efficace et ayant été testée.
  • Faire une activité créative (peinture – photos – dessins – bricolage)
  • Partager des moments conviviaux entre amis et/ou en famille
  • Pratiquer une activité sportive hebdomadaire
  • Sortir lors de journée ensoleillée
  • Se promener en nature
  • Écouter de la musique
  • Le jardinage
  • La lecture

Toutes ces différentes stratégies permettent de réguler (contrôler) de façon efficace les stresseurs du quotidien auxquels nous faisons face. Concernant les perspectives futures, il est nécessaire de conduire des plans d’interventions pour réguler le stress tout en gardant un fil conducteur en lien avec l’obésité comme la prévention d’alimentation saine et de pratique sportive. En conclusion, le stress et l’obésité vont de pairs et impactent directement la santé humaine ; c’est pourquoi ces domaines laissent place à un large éventail d’interventions possibles.  

Glossaire
  • Le stresseur est la cause du stress, de la pression quotidienne ou agressions auxquelles nous sommes exposés et auxquelles notre organisme doit faire face pour survivre. Il peut être physique ou psychologique.
  • La comorbidité est la présence d’une ou plusieurs maladies associées à une maladie déjà présente. Les maladies peuvent être physiques ou psychiques, par exemple, avoir du diabète et de l’hypertension ; souffrir d’addiction comme l’alcool et développer des symptômes dépressifs.
  • Une demande environnementale est un stresseur externe étant susceptible de solliciter les ressources de l’individu; par exemple : se réveiller en retard, manquer son bus pour se rendre au travail, oublier son smartphone chez soi.
  • La cognition peut être vue comme étant le fonctionnement de la pensée, plus précisément, elle représente l’ensemble des processus mentaux se rapportant au fonctionnement de la mémoire, du langage, du raisonnement, de l’intelligence, de la connaissance, de la prise de décision, de la perception ou de l’attention.
  • L’autorégulation (autocontrôle) représente l’habileté (capacité d’exécution) de contrôler nos comportements, nos émotions et nos impulsions afin d’atteindre nos objectifs.
  • Les fonctions exécutives représentent des processus cognitifs dit de « haut niveau ». Elles nous permettent notamment de planifier, d’élaborer des stratégies, d’organiser, d’être attentif et de gérer le temps et l’espace.
  • La volition fait référence à un événement par lequel l’individu « agit » en vue d’un résultat interne ou externe. Il est synonyme de volonté, par exemple, lorsqu’on décide de perdre du poids, on agit en faisant du sport et en contrôlant son alimentation. Plus simplement la volition désigne toute action vers un comportement cible (dans l’exemple ci-dessus, il représente l’action pour perdre du poids).

 

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